Montaigne: La Glose et L’Essai – CONCLUSION – ANDRÉ TOURNON
Une philosophie sans doctrine. Tout pourrait se résumer en cette formule aberrante, aussi étrangère à la tradition humaniste qu’aux nouvelles formes de savoir qui lui succèdent à la fin du XVIe siècle (1). Ce n’est pas que Montaigne ait renié ses dettes, ou refusé d’accueillir et de divulguer l’héritage des Anciens; il cite trop souvent ceux qu’il appelle «ses regens et ses maistres» (II, 10, p. 410), et avec trop de vénération, pour qu’on puisse lui attribuer une pareille légèreté. 11 ne se borne pas non plus à jouer avec les mots et les idées : à chaque instant, il juge, vérifie ou réfute, et exprime de fermes convictions.